Arundhati Roy, Le Dieu des Petits Riens

Rahel et Estha sont jumeaux, ils vivent à Ayemen avec leur grand-mère, leur grande-tante, leur mère, Ammu, retournée chez ses parents après avoir quitté son premier mari et entretenant une relation secrète avec Velutha, un intouchable.
Leur oncle Chacko vit aussi avec eux. Ce dernier a vécu quelques temps, en Angleterre. Il y a fait ses études, s’y est marié et a eu une petite fille. Sa femme l’ayant quitté, il est retourné vivre en Inde, alors l’arrivée de son ex-femme et de sa fille à Ayemen est un évènement. Rahel et Estha ont huit ans lorsqu’on leur annonce l’arrivée de Sophie Mol, leur cousine venue d’Angleterre et ils ne savent pas que leur vie est sur le point de basculer et de les séparer.

Je me suis laissée porter par la narration, le style particulier d’Arundhati Roy, très descriptif, un peu poétique entre passé et présent, des jumeaux devenus adultes et le déroulement des évènements survenus dans l’enfance.

C’est une belle écriture mais elle est parfois lourde de sous-entendus et dérangeante. Certaines scènes très détaillées rendent l’atmosphère insupportable. Il se dégage parfois de l’horreur, et même un peu de surnaturel. La lecture génère de d’appréhension et pourtant on sait à quoi s’attendre, on sait que ça ne va pas bien finir, puisque le roman dés le départ commence par un drame. On a envie de savoir ce qui s’est passé.

A cent pages de la fin,  un sentiment d’angoisse s’est installé. Curieusement, j’avais moins envie de savoir et j’ai dû me faire violence pour commencer le treizième chapitre. Je sentais que ça allait basculer à ce moment-là et je ne me suis pas trompée.
Sur ma table de chevet, mon guide de voyage indien Lonely Planet, semblait me dire :  » Tu ferais mieux de me reprendre, ça va faire mal ».
En effet, j’ai eu la gorge nouée jusqu’à la fin. Trop de souffrances, d’injustices, de maltraitance, et de cruauté. Les jumeaux sont sans cesse rabroués et les traumatismes bien réels. Plusieurs scènes brisent vraiment le cœur.

Un roman éprouvant, des moments forts, douloureux et bouleversants.  Impossible d’en sortir indemne.

Le Dieu des Petits Riens, d’Arundhati Roy, Gallimard, 1997-1998 pour la présente édition, il obtient le Booker Prize en 1997 et devient un best-seller mondial.

Spoiler
« Estha acquiesça d’un signe de tête en direction du visage d’Ammu levé vers la vitre. En direction de Rahel, toute petite maculée de saleté. Tous trois liés, sans le dire, par la certitude qu’ils avaient aimé un homme à l’en faire mourir. Et cela, ce n’était pas dans les journaux.  » p. 370.

 

Arundhati Roy est une écrivaine et militante indienne

« Elle est célèbre pour son activisme pacifiste. Son premier essai, intitulé The End of Imagination (La fin de l’imagination), était une réaction aux tests nucléaires indiens de Pokharan au Rajasthan. Suivront The Greater Common Good (Le plus grand bien commun), contre la politique des grands barrages menée par le gouvernement indien, et The Reincarnation of Rumpelstiltskin (La réincarnation de Rumpelstiltskin), qui analyse la privatisation des canaux de distribution de choses essentielles comme l’eau et l’électricité. […]Le 29 mars 2010, le magazine indien Outlook publie le récit de sa visite dans les zones contrôlées par la guérilla naxalite.  » Babelio

Une lecture commune avec Tiphanya dans le cadre des Étapes Indiennes et du Challenge Lire au Féminin organisé par Tiphanya.

7 commentaires sur “Arundhati Roy, Le Dieu des Petits Riens

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  1. J’avais finalement oublié que j’avais apprécié cette sensation d’être en Inde. Et j’ai même oublié de présenter l’autrice alors que je l’ai fait pour les autres livres de ma chronique. J’ai vraiment été déstabilisée par ce roman.

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    1. Je comprends. J’ai aussi été un peu déstabilisée pour la rédaction de mon billet. Je me suis davantage concentrée sur mon ressenti que sur le contenu du roman !

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